Wednesday, July 26, 2006

Le Chemin de Vie

Le Chemin de Vie

Recueil de 52 poèmes bibliques
inspirés du Pentateuque




Poésies de Paul-Jézékiel Attali
Peintures de Guillaume Villaros

Publié chez : thebookedition.com





PRÉFACE DE PAUL ATTALI



Depuis des millénaires, le Pentateuque ou Torah traverse le temps et l’espace en tentant d’expliquer le sens du monde. Sans cesse parcouru, interprété, approfondi, il est indémodable, vivant, intemporel. Conscient de la pérennité de cet ouvrage, j’ai voulu présenter en 52 poèmes, l’histoire des origines du monothéisme, tout en restant très près des textes originaux.

En effet, la poésie est dans notre monde scientifique et matérialiste quelque peu anachronique. Alors pourquoi avoir voulu réunir le plus vieux livre du monde et la musique des vers ? Je crois simplement, qu’au fond de chacun de nous, il demeure une curiosité innée sur l’origine du monde et une recherche naturelle du beau, dont la poésie est une forme d’expression.

Ces poèmes visent à redécouvrir la Torah à travers une écriture poétique qui lui donne une profondeur spirituelle et une sonorité dignes d’elle.

Au début était la Parole...
Les valeurs qu’elle développe sont, aujourd’hui, plus vraies que jamais : fraternité, justice, solidarité, respect. Elle nous aide à les mettre en application dans un monde moderne, souvent dur, égoïste, anonyme, orgueilleux.

Ce recueil présente donc en 52 poèmes des extraits des sections (paracha) qui sont lues chaque semaine, dans les synagogues du monde entier.

Ainsi, vous pouvez suivre, d’une manière originale, toute l’histoire sainte depuis la création du monde jusqu'à la mort de Moïse, en passant par le Déluge, les Patriarches, la sortie d’Egypte, le don de la Torah, le Tabernacle, les habits pontificaux, l’arrivée en terre de Canaan...

Pour rendre cet ouvrage encore plus agréable, j’ai demandé au peintre Guillaume Villaros d’illustrer les cinq tomes constituant le Pentateuque, en cinq tableaux pour tenter de capter, dans les pigments colorés de sa peinture, la force des images bibliques.

Avec talent, il a spécialement conçu des oeuvres à la fois symboliques et modernes, qui racontent dans un jaillissement de formes et de couleurs, ces événements qui ont façonné l’esprit et le cœur du monde. Cette alliance du verbe et de la palette a donné naissance à cet ouvrage d’art qui sera pour vous, comme pour moi, je l’espère, une source de plaisir et d’inspiration.


PREFACE DE GUILLAUME VILLAROS


Quand Paul Attali m’a demandé de travailler avec lui sur ce projet biblique, je venais de terminer un ensemble de 7 tableaux inspirés des versets de “ LA GENESE ” retraçant les 7 jours de la création. Aussi m’a-t-il semblé comme une évidence, d’aller encore plus loin dans ma démarche et de réaliser ces 6 tableaux pour illustrer le Pentateuque.

Loin de moi l’idée d’avoir ici voulu “ réécrire ” les textes qui ont été à la base de mon inspiration. Même si la peinture peut être considérée comme une autre forme d’écriture, elle ne doit pas paraphraser mais au contraire, permettre au lecteur, par son regard, d’aller à la rencontre d’un monde d’allégorie.

Je rends ici hommage au travail de Paul Attali qui, par ses mots, nous offre d’admirer des tableaux foisonnants, forts et tellement emprunts de vérité. Chacun d’eux vous fera découvrir une nouvelle scène biblique à l’image des grandes représentations qu’ont pu nous en proposer les peintres classiques. A la richesse des décors s’ajoute l’équilibre des mots et de leurs couleurs. La recherche constante de la précision, sans oublier la puissance exprimée, et ressentie, des événements relatés en font une œuvre vraie et sincère.

Ces six tableaux retracent donc toute l’histoire du Pentateuque à travers certains de ces symboles.

Ainsi, tout commence avec la création : La terre est encore informe et vide, les eaux planent au dessus de l’abîme ; et la lumière apparaît enfin par delà les éléments écrasant les ténèbres. Après que la voix de Yahvé se soit manifestée à lui à travers le buisson ardent Moïse part, menant son peuple, à la recherche de la Terre promise. Il y a alors l’exode et la traversée de la Mer rouge. Dans le Lévitique, Dieu décline les règles d’éthique et invite les Hommes à ériger son sanctuaire. Quant à la Terre promise, les explorateurs iront à sa recherche. Ils reviendront après avoir vu la terre de Canaan et la diront riche mais aussi hostile. Moïse, guidé par le Divin, se recueille. A 120 ans, son corps monte au firmament, laissant orphelins les enfants d’Israël.

Il n’y a plus rien à dire. Ces tableaux ne sont plus à moi. Ils sont maintenant les vôtres.




LES TEXTES



La création du monde - Béréchit



Les ténèbres couvraient la face de l’abîme
Et la Terre n’était que solitude et chaos.
Planant sur la surface des eaux entremêlées
Le souffle divin parut et puissant Il clama :

« Que la lumière soit ! » Et la lumière fut.
Voyant qu’elle était bonne, Il la dénomma Jour
Tandis qu’Il désigna les ténèbres par Nuit
Et que l’aube perça la sphère crépusculaire.

Ce fut le premier jour

D… dessina l’espace en étirant les eaux :
Partant de leur milieu, il mit une limite
Entre celles du bas et celles du dessus,
Puis Il appela Ciel, cette nouvelle étendue.

Ce fut le deuxième jour

Il dit : « Que toutes les eaux épandues sous le ciel
se rassemblent et s’unissent en un seul et même point.
Que les mers apparaissent et que la terre produise
Des espèces végétales, des arbres et des fruits. »

Ce fut le troisième jour

« Que des corps lumineux s’inscrivent dans les cieux
Permettant aux saisons, aux jours et aux années
De suivre le cours du temps. » Le soleil rayonna
La lune et les étoiles constellèrent la nuit

Ce fut le quatrième jour

« Que les eaux nourricières fourmillent d’êtres vivants
Que des oiseaux variés volent par-dessus le monde
En déployant leurs ailes dans le ciel azuré
Qu’ils croissent, se multiplient sur la terre et les mers. »

Ce fut le cinquième jour

« Que la terre produise des êtres qui se meuvent :
Des reptiles, du bétail, des animaux sauvages.
Maintenant, faisons l’Homme à notre ressemblance
Qu’il domine l’espace et qu’il conquiert le monde. »

Ce fut le sixième jour

Dès que furent achevés les cieux et puis la terre
Avec ce qu’ils renferment de formes animées,
D… décidant de mettre un terme à son ouvrage
Se reposa de son effort de création.

Ce fut le septième jour ; Il le nomma Chabbat.


La traversée miraculeuse - Béchalah


En immense cohorte, dans la nuit, désarmés
Les Hébreux s’échappaient d’un enfer séculier
Marchant vers l’inconnu, confiants et silencieux
Ils suivaient gravement la colonne de feu.

Moïse les conduisait comme un pâtre implacable
Pensif et solitaire, digne et infatigable
Vers les voies du salut, au milieu du péril,
Dans les plaines fertiles qu’inonde le grand Nil.

Brusquement, la Mer Rouge dressa tout devant eux
Comme un géant de boue, ses flots tumultueux
Coupant toute retraite au peuple resté figé
Aux mains de l’ennemi, le forçant à tomber.

Alors, vers le Seigneur, Moïse s’avança
Et se voilant les yeux, face à lui s’exprima :
« Tu as su, ô mon D…, par tes nombreux miracles
Montrer tant de splendeur, tant de sévérité.

Tu as su déverser sur la tête des rois
Le feu, le sang, la grêle pour affirmer ta loi. »
« Daigne encore une fois, de cette mer hostile
Qui prive tout ton peuple d’une liberté si proche

Nous délivrer, Seigneur, et de ton bras puissant
Réaliser pour nous des prodiges ardents. »
Il parlait, et soudain les flots impétueux
Sous le souffle divain, devinrent silencieux.

La voie de D… tonna ; comme une muraille de pierres
S ‘appuyant sur les nues, les eaux se redressèrent
Découvrant le chemin qui menait à la vie.
Les Hébreux s’élancèrent, stupéfaits, éblouis

Derrière eux, vaniteux et armés jusqu’aux dents
Les Egyptiens parés galopaient fièrement.
Lorsque la dernière âme eut franchi la barrière
Comme un vol de vautours s’abattant dans les airs

Les eaux se déversèrent sur l’ennemi buté
Noyant dans leur armures, chevaux et cavaliers.
Devant tant de grandeur, hommes, femmes et enfants
S’assemblèrent, et en chœur ils louèrent l’Eternel.

Les règles d'éthiques - Quédochim

« Quand vous moissonnerez le produit de vos champs
Ne ramassez jamais la glanure des épis.
Quand vous vendangerez les raisins de vos vignes
Ne récoltez jamais les grains éparpillés

Mais abandonnez-les aux pauvres, aux étrangers
Car je suis l’Eternel, votre D… de bonté »
« N’insultez pas le sourd , ne placez pas d’obstacle
Sur la route assombrie de l’aveugle hésitant,

N’allez pas, colportant la haine parmi les vôtres
En jugeant vos semblables de manière impartiale
Mais aimez votre frère tout autant que vous-même
Car je suis l’Eternel, votre D… de bonté. »

« N’accouplez pas les bêtes d’espèces diffèrentes
Et n’ensemencez pas de graines hétérogènes
Ne portez pas d’habits faits de laine et de lin
Mêlant corps animal et fibre végétale

Mais respecté les choses dans leur intégralité
Car je suis l’Eternel, votre Dieu de bonté. »
« Si un homme étranger veut séjourner chez vous
Ne le molestez pas, ne l’amoindrissez pas

Ne rejetez pas en bloc ses sollicitations,
Ne lui refusez pas votre hospitalité
Mais souvenez-vous que vous fûtes esclaves
Car je suis l’Eternel, votre D… de bonté ».

« Quand vous serez entrés au pays des promesses
N’ayez jamais recours au culte de Moloch
Fuyez les sortilèges, les évocations d’âmes
Ou les chairs tailladées et les vils tatouages

Mais respectez vôtres épris de dignité.
Car je suis l’Eternel, votre D… de bonté. »
« Observez mes sabbats et mes néoméniesaimez
de toute vôtre âme mon noble sanctuaire

purifiez votre corps, élevez vos esprits
en suivant mes préceptes et mes commandements.
Car je suis l’Eternel, vôtre D… de bonté
D’amour, de vérité, de justice et de grâce. »


Les NombresLes explorateurs - Chélah Lékha



Moïse convoqua, sur l’ordre de l’Eternel
Douze hommes éminents, issus de chaque tribu :
« Ô vous, fiers combattants et glorieux guerriers
Vous allez dès demain, remplir une mission

« Vous quitterez ensemble et à la nuit tombée
Le désert de Parane où sont plantées nos tentes
Vous vous acheminerez vers la terre promise
Pays de nos ancêtres, pays de Canaan.

« Convergez vers le sud, gravissez la montagne
Explorez la contrée dans ses moindres recoins
Les peuples qui l’occupent et leur démographie,
La taille de leur villes et leur disposition.

« La qualité du sol et le type de cultures.
Tâchez d’en rapporter quelques fruits spécifiques. »
Ils arpentèrent les lieux, de Sin jusqu’à Réhov
De Réhov à Sémath, de Sémath à Hébron.

Là, vivaient Ahiman, Chéchaï et Talmaï
Descendants de Anak, géants impitoyables
Ils coupèrent une énorme grappe de raisins
Et cueillirent des dattes, des figues et des grenades.

Quarante jours plus tard, ils revinrent à Parane
Moïse et Aaron allèrent à leur rencontre :
« Nous avons vu, dirent-ils la terre de Canaan
Oui, vraiment, elle ruisselle de lait blanc et de miel.

« Toutefois, l’habitant qui réside en ces lieux
Est armé jusqu’aux dents, redoutable, effrayant.
Toutes ses villes sont immenses et toutes fortifiées
.Il balayera sans peine, nos fragiles légions.

L’effroi passa soudain sur la communauté :
« Ah pourquoi l’Eternel nous mène-t-il résolu
Vers ce pays hostile pour périr par le glaive ?
Donnons-nous donc un chef, retournons en Egypte ! »

Josué, fils de Noun, s’avança brusquement
Caleb, fils d’Yéfouné le suivait comme une ombre.
Déchirant leurs vêtements, ils parlèrent à leurs frères :
« Nous venons d’explorer le pays de nos pères

« Il est beau, il est bon, il est même excellent
Ayons confiance car D…, depuis des décennies
A promis de livrer en nos mains tous ces hommes
Sans qu’une goutte de sang ne coule de nos veines. »

Mais le peuple excédé voulut les lapider
Car la peur de combattre des géants, le minait.
Or la Tente du Statu, embrasée de lumière
Annonça la présence de la gloire divine.


La mort de Moïse
Vézot habérakha





Et Moïse traversa les plaines de Moab
Que le matin frileux recouvrait de rosée
Puis il se dirigea, le pas digne et alerte
Vers les cimes embrumées flottant sur l’horizon.

Dans cette immensité, le Seigneur lui parla :
« Moïse, mon serviteur, regarde autour de toi.
Car, vois-tu, ce pays je l’ai maintes fois promis
D’abord à Abraham, puis Isaac et Jacob. »

« Maintes et maintes fois, par un même serment
J’ai dit et j’ai redit : « Cette terre je la réserve
A votre postérité, tant il y coule à flot
Le lait pur et le miel ; vous l’avez méritez. »

Lui qui avait parlé avec D…, face à face
Avait guidé son peuple au désert implacable
Et l’avait entraîné aux plus âpres combats
Contre des rois puissants, des géants invincibles,

Il avait, un instant, failli à son devoir
En frappant le rocher pour faire jaillir son eau
Au lieu de lui parler ; pour cela, simplement
Il n’avait pas le droit d’entrer en Canaan.

Demeurant immobile, l’image du paysage
Rivée dans la prunelle, Moïse se recueillit.
Il repensait aux âmes de tous ceux qu’il aimait
A Myriam, Aaron, Tsipora son épouse.

Il avait cent vingt ans, mais il paraissait jeune
Son œil était resté perçant et pénétrant,
Sa farouche énergie n’était point épuisée
Et sa noble beauté n’accusait pas de ride.

L’ombre de D… plana, le frôlant de son souffle
Le ciel devint plus sombre et le temps s’arrêta
On vit monter son corps vers le bleu firmament
Puis tout se tut autour, dans un silence glacé.

Trente jours, trente nuits, les enfants d’Israël
Pleurèrent leur bien-aimé, celui qui les avait
Arraché par la force, au cruel Pharaon
Leur offrant le statut d’hommes et de femmes libres.

Mais déjà Josué, le visage enveloppé
De l’esprit de sagesse, allait, majestueux,
Vers ce peuple turbulent et à la nuque raide
Redoutant les épreuves, mais l’âme emplie d’espoir

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